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LAICITE CHERIE, le blog de défense de la laïcité.
13 juin 2005

"Tentative grotesque d'imposer sa propre vision du monde à tout le monde"

vendredi 10 juin 2005, 18h52

Gamma 2005 Stefano Paltera  Référendum sur la procréation en Italie: un test pour l'Eglise catholique

ROME (AP) - Un référendum mais pas sur l'Europe. Les Italiens sont appelés aux urnes dimanche pour se prononcer sur un assouplissement de leur législation en matière de procréation assistée. Hostile à la révision de la loi, l'Eglise catholique a pris position dans la campagne en appelant à boycotter le scrutin.

La consultation porte sur quatre questions: faut-il abroger l'interdiction de la recherche sur les embryons? Limiter à trois le nombre d'embryons créés pour chaque conception? Autoriser le don de sperme ou d'ovule par une personne extérieure au couple? Et enfin autoriser les couples fertiles atteints par une maladie génétique à recourir à un traitement?

Le référendum divise le monde politique, même si la majorité des dirigeants de gauche appellent à dire quatre fois "oui". Les partis ont généralement conseillé aux électeurs de se décider selon leur conscience.

En revanche, le Vatican, farouchement opposé à la révision de la loi, a mené une vigoureuse bataille pour le maintien des restrictions actuelles. Les évêques italiens ont exhorté les électeurs à boycotter les urnes, un taux de participation de 50% étant nécessaire pour valider le scrutin, et le pape Benoît XVI a approuvé leur appel.

"Ce n'est plus simplement un vote sur l'insémination artificielle. C'est aussi un vote sur le pouvoir de l'Eglise dans la société italienne", écrit le commentateur politique Sergio Romano dans le "Corriere della Sera". Le référendum pourrait représenter le premier grand défi d'un pape qui veut lutter contre le déclin de la pratique religieuse sur le Vieux continent.

Se promenant près de la place Saint-Pierre, Mariangela Carta, 66 ans, exprime son soutien à la position de Benoît XVI. "L'Eglise a bien agi. Ce sont des questions qui ont à voir avec l'éthique et la morale", dit-elle.

Mais la campagne de l'Eglise en a irrité plus d'un. Chiara Lalli, auteure du livre "Liberta Procreativa" (liberté de procréation), la qualifie de "tentative grotesque pour imposer sa propre vision du monde à tout le monde".

L'Eglise a une grande influence dans le pays. Mais les Italiens l'ont déjà désavouée lors de deux référendums, qui ont autorisé le divorce en 1974 et l'avortement en 1981. Ce dernier scrutin avait représenté un camouflet pour le défunt pape Jean Paul II.

Selon un récent sondage de l'institut Ipsos pour l'Associated Press, presque deux Italiens sur trois pensent que les chefs religieux ne devraient pas tenter d'influer sur les décisions du gouvernement. "Le Vatican ne devrait pas chercher à influencer des choix dans un Etat en théorie laïc, car il influence les plus faibles, ceux qui ont le moins d'éducation", estime Danilo Sciunnach, un commerçant romain.

En vertu de la législation sur l'assistance médicale à la procréation adoptée en 2004, l'Italie interdit la congélation d'embryons et limite à trois le nombre de ceux qui peuvent être créés. Elle proscrit également les dons de sperme et d'ovules par une personne extérieure au couple ainsi que les recherches utilisant des embryons.

Beaucoup avaient salué la législation estimant qu'elle débarrassait l'Italie de sa réputation de "far west" de la procréation artificielle alors que le pays n'avait pas de loi sur la question. Mais le texte a également été vivement critiqué, ses détracteurs soulignant qu'il entravait des recherches à but thérapeutique et restreignait la liberté de procréation. AP

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