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LAICITE CHERIE, le blog de défense de la laïcité.
14 juin 2005

L'Italie régresse-t'elle ?

Italie: l'Eglise fait un retour en force sur la scène politique

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ROME (AFP) - L'Eglise catholique a fait un retour en force sur la scène politique italienne en faisant échouer un référendum destiné à faciliter l'accès à la fécondation assistée et entend continuer à jouer un rôle actif sur les questions de société.

"Le référendum prouve que l'Eglise italienne avait raison et confirme que le catholicisme ne peut pas être marginalisé de la vie publique", a déclaré lundi l'archevêque de Lecce (sud), Cosmo Francesco Ruppi, au quotidien de la conférence épiscopale italienne "Avvenire". Seul un électeur sur quatre à voté, alors que la participation à ce scrutin organisé sur deux jours devait atteindre 50% pour que le résultat soit validé.

Considéré comme le grand vainqueur de ce référendum après avoir donné aux catholiques consigne de s'abstenir, le cardinal Camillo Ruini, président de la conférence épiscopale italienne, a eu le triomphe modeste lors de ses interventions sur tous les médias de la péninsule. Mais pour Gianni Baget Bozzo, prêtre proche de Silvio Berlusconi, il a joué un rôle déterminant. "Ruini a montré qu'il est le plus grand homme politique que l'Eglise ait eu ces dernières 20 années", a-t-il affirmé.

"L'Eglise italienne a pris conscience depuis dix ans de se trouver sur une terre d'évangélisation", soulignait lundi dans un éditorial Ezio Mauro, directeur du quotidien La Repubblica (proche du centre-gauche) pour expliquer "les raisons du naufrage laïc". Elle s'est donc engagée "au travers de tous ses relais en politique qui légifèrent" sur les questions jugées essentielles par le Vatican : "les lois sur la vie, la famille, la jeunesse, la liberté scolaire, la solidarité".

La prise de position de l'Eglise, qualifiée par beaucoup d'ingérence, a contribué à l'échec du réferendum et fait désormais craindre une remise en question du droit à l'avortement, avertissent les partisans du oui, comme Stefania Prestigiacomo, ministre pour l'Egalité des chances et membre de Forza Italia, le parti du chef du gouvernement Silvio Berlusconi. Le cardinal Ruini s'est défendu d'avoir cette intention, mais plusieurs dirigeants politiques de droite se sont ouvertement prononcés pour cette remise en question.

"Ce n'est pas un objectif immédiat, mais je ne serais pas scandalisé si on ouvrait une réflexion", a ainsi déclaré lundi le ministre Enrico La Loggia, également membre de Forza Italia. Ce référendum va laisser des traces dans la classe politique italienne. Vice-Premier ministre et chef de l'Alliance nationale (droite conservatrice), Gianfranco Fini avait condamné l'abstention comme un manque de civisme. Or, c'était le choix de la majorité de ses lieutenants, comme le ministre de l'Agriculture, Gianni Alemanno, qui a démissionné de la vice-présidence du parti pour sanctionner la position de M. Fini et exige que l'Alliance nationale réaffirme son ancrage catholique.

Tous les politologues soulignent toutefois que l'Eglise n'a pas pu convaincre 75% des Italiens de ne pas voter et rappellent que depuis dix ans, aucun référendum d'initiative populaire n'a rassemblé le quorum. "Les choix politiques ou religieux ont pesé peu dans l'abstention. La difficulté de compréhension et le désintérêt ont prévalu sur tous les autres arguments", affirme Renato Mannheimer, analyste du Corriere della Sera. 25,9% des électeurs ont voté. Parmi les abstentionnistes, 35%, baptisés "abstentionnistes convaincus" ont considéré que leur attitude avait un sens, comme le disait l'Eglise et les partis prônant l'abstention, mais les 39% restants ont agi par désintérêt pour le débat, soutient Renato Mannheimer.
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